Rencontre
Une goutte de pluie tomba sur mon visage déjà, mouillant ma joue déjà ruisselante de larmes. Puis vint une autre. Brusquement, un torrent d'eau me m'aspergea de toutes parts, me faisant trembler de froid. Pour éviter les giboulées, je courus m'abriter sous un arbre. Paradoxalement, j'appréciai beaucoup l'odeur de la nature, mouillée. Mais ce n'était pas important. Je devenais un monstre de jour en jour. Mais pourquoi ?
-Pourquoi... Me lamentai-je.
Je laissai résonner ce mot dans ma tête, jusqu'à ce qu'il ne veule plus rien dire, jusqu'à ce qu'il n'est plus aucun sens. J'entendis soudain un grondement qui résonna dans le ciel. Boum ! L'orage avait commencé. Des éclairs lumineux fendirent le ciel. Je sursautais à chaque son bruyant, à chaque tumulte météorologique. Je me sentais seule, ici au milieu de la forêt. Des bourrasques de vents arrachèrent les feuilles des arbres. Je pris la fuite, et courrai maintenant vers l'inconnu, sans m'arrêter. Je commençai à me demander si Lucas était le fruit de mon imagination, ou s'il était réel. Cette question me turlupina pendant un long moment. Je courus jusqu'à une rivière, toujours dans une fuite éperdue, ultra-rapide. La tempête s'était calmée, depuis que j'avais entrepris cette course folle. J'aperçus un panneau planté dans le sol boueux.
« Zone de chasse. Interdiction de passé »
Et alors ? Au point où j'en étais ce n'étais pas grave d'enfreindre les lois. Je passai une barrière, en sautant par dessus. En face, un pont en bois s'étendait devant moi. J'avançai de quelques pas. Je le fis bouger légèrement, pour m'assurer qu'il était solide. Je le traversai sans aucune difficulté, à la vitesse du son. Un haut érable me fit face à mon point d'arrivée. Il était magnifique. Dommage que le vent pliait ses branches er arrachait ses majestueuses feuilles. Je m'assis à son pied, pour réfléchir. Je ne savais plus quoi penser de la situation. Un coup j'aimais mon état étrange, un coup je le détestais... Je n'arrivais pas à oubliais les yeux de « Lucas », mon hybride sûrement et purement imaginaire... Je me lamentais sur mon sort... Il fallait que cela cesse ! Je me relevai bien décidée à chasser toutes mes peurs et tous mes tourments :
-J'ai souffert toute ma vie d'enfant. Il est grand tant que je grandisse et apprenne à prendre cette vie en main. Seule moi est capable de la contrôler ; de la mener à bien...
C'était la première fois que je pensais tout haut. Ce fut marrant, en faisant ça j'eus plus de facilités à croire mes paroles.
-Quel discours !
L'angoisse pris en otage mon c½ur et mon âme. Je sentis une boule d'air chaud me brûlait de part en part. Je n'osais pas me retourner pour voir qui venait de me parler, d'un ton pourtant angélique.
-Ce n'est que mon imagination, ce n'est que mon imagination...Me répétai-je tellement j'avais peur.
J'avais fermé les yeux, ayant les paupières si pliées que mes sils touchaient bientôt mes joues retroussées.
-Ton imagination est ennuyeuse... Il va falloir que j'y remédie...
La voix qui m'avait de nouveau interpelée était incroyable. Elle était fluide, agréable, douce, mélancolique et légèrement grave. L'homme qui me parlait avait des accents tendres et sucrées. Si je pouvais donner une couleur à sa voix ce serait le bleu. Il était si envoutant...
-Sort de ma tête ! Lâchai-je en proie à l'angoisse.
Mon cerveau me disait que c'était juste mon imagination, mais mon c½ur, lui, me disait que cet homme à la voix d'ange existait. Il fallait que je découvre la vérité.
-Bon alors tu te décides ? J'ai pas toute la journée moi ! J'ai déjà perdu toute une nuit et une journée pour te trouver ! Eh oh ! Je suis là !
Je me retournai enfin. Je vis une main agrippait au tronc de l'érable. Un visage se montra. J'en eus le souffle coupé.
-Waah...
-Quoi ? Je sais je dois être sale... Oh et puis zut ! Tu me fais perdre mon temps ! Si ça se trouve ça n'est même pas toi !
« Tu me fais perdre mon temps »... La jeune femme mystérieuse avait prononcé exactement ces mots. Il se retourna brusquement mais d'un seul coup il remit en cause sa décision et me fit face. D'un air mystérieux, il me scruta longuement, détaillant mon image sans perdre un morceau. Je ne pouvais détacher mes yeux de lui, et ressentis alors une morsure voluptueuse et charnel dans mon c½ur. Il semblait très jeune (environ seize ou dix-sept ans), il était brun, aux traits fin et gracieux. Son menton avait une forme arrondit au bout, craquante. Sa bouche était légèrement pulpeuse et rosée. Ses joues étaient assez minces (j'avais quand même très envie de les caresser). Sa peau avait l'air douce et soyeuse, elle était bronzée mais d'un teint assez clair. Son épiderme chatoyant luisait au soleil, ce qui me rappela la fouine. Oh mon dieu ! Comment pouvais-je penser ça ? En comparaison avec lui, cet animal n'était qu'un horrible déchet ! Je montai encore un peu plus haut les yeux. Son nez était fin et avait une longueur rêvée. Je remarquai qu'il portait des lunettes de soleil noires. Son front était petit. Et là je découvris avec émotion ses cheveux. Le mot qui les qualifié le mieux était « superbe ». Ils étaient cours, d'un brun très foncés et brillant comme les reflets de la lune. Une fine mèche courte pendait sur le côté droit de sa tête. Juste lorsque j'observais cette dernière, il la repoussa en arrière d'un coup de tête.
-Heu...Heu...
Je n'arrivais pas à aligner ne serait-ce qu'un mot ! J'étais trop fascinée.
-Quel est donc ton problème ?
J'étais sous le charme, voilà ma réponse ! Dans un souffle, je renfermai ma voix, me mettant sous silence. Jamais un homme ne m'avait fait cet effet là. En plus je trouvais ses vêtements...Sexys ? Il avait un jean troué à quelques endroits, un peu sale comme il l'avait dit, et une chemise à en tomber à la renverse : elle était à l'origine blanche, en tissu fin, couverte maintenant de terre sèche. Il l'avait complètement déboutonné, ce qui me permit d'entrevoir son torse nu. Il était assez musclé. Ses formes magnifiques se dessinées parfaitement bien sur son corps de dieu.
-Je...Je...Qui êtes-vous ?
-Moi ? Oh tu le sauras prochainement. Chuchota t-il.
Il mit sa main sur une des branches de ses lunettes. Il remit bien en place celles-ci. Ses mains étaient assez grandes et fines, et ses doigts me parurent incroyablement parfaits, comme s'ils étaient faits pour briser mais surtout pour caresser. Ses paluches indéfinissables semblaient puissantes.
-Pourquoi me cherchiez-vous ?
-Il faut dire que tu m'as donné du fil à retordre. Heureusement que tu as fait une pause sinon, je ne t'aurai jamais rattrapé...
-Vous n'avez pas répondu à ma question.
Je commençai à trouver bizarre la manière dont je le vouvoyais et la façon opposée dont il me tutoyait : ces procédés ne s'accordant pas ensemble. Ca n'allait pas. Comme il ne répondait pas, je brisai le silence d'une voix crispée.
-Alors ? Qu'est-ce que tu me veux ?
Je n'avais pas peur de lui, mais j'étais tout de même intimidée. Les battements de son c½ur retinrent mon intention. Ils étaient réguliers, mais rapides. Je posai ma main sur le mien. Idem.
-Tu verras... Rejoins-moi dans deux jours, ce sera la pleine lune...Tu devrais être prête. Susurra-t-il du bout des lèvres.
-Pourquoi ? Et où ?
Une brise me caressa la joue. Le bel inconnu avait disparut. Etait-il comme moi lui aussi?
-Attend ! Criai-je pleine d'espoir.
Qui était-il ? Que me voulait-il ? Pourquoi me cherchait-il ? Où voulait-il que je le rejoigne ? Et cette fois encore, pourquoi ? J'étais de nouveau perdue dans mes pensées. Je venais de faire une drôle de rencontre avec cet être si mystérieux... Je ne le connaissais pas, mais bizarrement, il m'avait apporté de l'apaisement dans mon c½ur, et surtout, de l'espoir. J'étais sûre de ne pas avoir rêvé, ni même encore d'avoir fantasmé. Je n'oubliai pas ses lunettes de soleil. Avait-il des yeux semblables aux miens ? J'en été presque certaine. J'avais bau voir en noir et blanc, je savais qu'il y avait quelque chose de différent chez lui. Bien sûr, c'était déjà bizarre qu'il ait disparu ainsi, qu'il me cherchait... Mais bon, il y avait tout de même des ondes en lui. Des vibrations positives qui m'avaient électrisé. Soudain je me mis à murmurer :
-Lucas...
Lucas ? Oui effectivement. Cet être énigmatique me rappelait Lucas. Par son surnaturel et sa beauté. Je fus sûre à cet instant que cette rencontre avait été la meilleure qui ne m'ait jamais été donnée de vivre...
Dans deux jours, que se passera t-il ? Qu'est-ce que ça faisait que la lune soit pleine ? Et en quoi serai-je prête ? Qu'est-ce qui se passait ? Je ne m'étais toujours pas remise de notre rencontre imprévue, qui était pourtant préméditée par lui... Bon et bien, je n'avais plus qu'à attendre ce fameux jour. Sauf que je ne savais pas où le rejoindre. Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais très envie d'y allait, à cette « convocation ». J'allais le savoir certainement, si le destin voulait bien me dévoiler quelques réponses encore tapis dans l'ombre. Mon instinct ne me trompe plus maintenant. Enfin presque plus...
lafrenchfolle, Posté le jeudi 21 mai 2009 16:29
jolie main